Vers plus d’interopérabilité dans les Systèmes d’Information de Santé

27/02/2008

La transformation des Systèmes d’Information Hospitalier (SIH) est un défi éminemment complexe. C’est le constat que peut faire chaque acteur d’une DSI d’un établissement de santé. Mais cette transformation est nécessaire car, comme le souligne la directrice de la DHOS lors d’une conférence de presse le 12 février, les SIH ne sont pas conformes aux services attendus. C’est également un constat partagé par LESISS (Les Entreprises des Systèmes d’Information Sanitaires et Sociaux) dans un courrier adressé à la DHOS (Direction de l’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins) et à la ministre de la Santé.

Interopérabilité [Image réalisée par le groupe interopérabilité de l'AFUL] Un des axes d’amélioration nécessaires est bien entendu l’interopérabilité. Yannick Motel, délégué général de LESISS, cite dans son courrier le respect des standards comme le premier des trois axes que doit prendre en compte le plan Hôpital 2012. Le GMSIH participe d’ailleurs activement au niveau international aux nombreux travaux déjà menés en ce sens. Différentes instances poussent tous les acteurs à partager et à évoluer vers des langages communs, sur l’imagerie comme avec DICOM, sur l’interopérabilité comme HL7 et IHE, etc. La transformation est en route mais elle patine un peu.

Et si le vrai coup d’accélérateur venait non plus des acteurs historiques (comme les adhérents à LESISS) de ce monde de la santé, mais des géants du logiciel et de l’Internet. Oui, Microsoft et Google. Après le lancement de la solution healthVault de Microsoft, c’est au tour de Google de lancer sa première expérimentation autour d’un dossier électronique en ligne, en partenariat avec la clinique de Cleveland, dans l’Ohio. Ce qui confortera certainement le constat fait par le Rapport de la Commission pour la libération de la croissance française (dit rapport Attali), page 71 : « la France est en retard dans [...] la diffusion du dossier électronique ».

Bill Crounse, directeur monde du pôle santé chez Microsoft, se félicite de l’annonce de ce nouveau concurrent. Étonnant ! C’est pour mieux souligner le virage philosophique de Microsoft : développer l’axe interopérabilité et l’ouverture de leurs produits. Plus d’acteurs, plus d’interopérabilité, plus de standards… Que demander de plus ? Tout simplement un consensus sur lesdits standards ! Notre DMP a fait le choix du modèle CDA (Clinical Document Architecture), défini par HL7. Google a choisi CCR (Continuity of Care Record), spécifié par ASTM International. Deux modèles concurrents. Microsoft propose CCR aujourd’hui et proposera sans doute CDA dans un deuxième temps. Alors que le profil IHE-XDS (mis en œuvre par le DMP) a fait le choix des WebServices (donc de SOAP) pour le protocole de transports des données patient, Google s’appuie sur son protocole Gdata. Ce dernier se base sur RSS ou Atom et est résolument tourné vers une architecture REST (souvent opposé à SOAP).

Toute cette effervescence en matière de standards et d’interopérabilité est fort positive. Certains acteurs devront se mettre autour d’une même table (comme HL7 et ASTM) pour faire converger les efforts. Un constat est cependant certain et Bill Crounse ne dit pas le contraire dans son billet : « Transforming healthcare is an incredibly complex challenge » !