Dossier médical partagé : et si on regardait à l'ouest

08/04/2009

Alors que ce jeudi 9 avril, la ministre devrait enfin donner des nouvelles de notre DMP national, les dossiers de santé communicants continuent leur avancée. Le 30 mars, Missy Krasner, en charge du marketing de Google Health annonçait une collaboration entre Google et Medicare dans les états d’Arizona et d’Utah. Certes Medicare ne s’occupe que d’une partie de la population (les séniors répondant à certains critères sociaux) et Google est parmi les quatre prétendants à fournir une plate-forme (HealthTrio, NoMoreClipboard et PassportMD). Mais le défi présente d’ores et déjà des volumes significatifs : une population dépassant potentiellement le million de personnes et susceptible de partager ses données entre les différents professionnels de santé. Cette expérience, qui fait partie des projets portés par le gouvernement américain pour moderniser son système de santé, doit durer un an. Le coût de 2,5 millions de dollars n’effraie pas les responsables de l’opération :

« The purpose is not to save money but to improve quality of health », dixit Kerry Weems

Une affirmation qui se démarque fortement des axes stratégiques français du moment…

En France, à part les plates-formes de télésanté, seuls le dossier pharmaceutique et les dossiers de spécialité (comme le dossier communiquant de cancérologie) font timidement parler d’eux.

Les démarches régionales pilotées par les ARH se focalisent sur les plates-formes de télésanté qui s’articulent principalement autour d’une messagerie sécurisée pour communiquer des informations médicales à propos des patients. Il s’agit d’une communication entre pairs qui ne facilitent que très peu le partage de l’information entre de multiples collègues. Pour y parvenir, il faut alors motiver une demande de dossier patient partagé. Prenons par exemple, le cas des Pays de la Loire :

La démarche n’est pas immédiate, le patient n’est pas acteur de ses données et le dossier reste une fois de plus dédié à une pathologie déterminée. Qu’en est il d’un patient lambda au milieu d’un généraliste et de plusieurs spécialistes mais ne présentant pas une pathologie candidate aux réseaux de soins existants ? Ou du patient, qui comble de malchance, fait partie de deux réseaux distincts ? Ses informations sont alors cloisonnées.

Nous sommes bien face à deux paradigmes.

Dans ce type d’échanges, deux professionnels de santé sont en relation. Si un troisième entre dans la discussion, l’un des correspondant peut être oublié ou les données se retrouvent dupliquées un peu partout. On retombe dans les problèmes classiques de la messagerie.

Avec une plate-forme centrée sur le patient, tous les professionnels peuvent contribuer à l’enrichissement des données. Les données suivent le patient et ne restent pas liées à un professionnel de santé en particulier. Les données sont cohérentes et complètes en même temps.

Si le modèle français est centré sur le professionnel de santé – le médecin émetteur d’informations ou consommateur des données d’un confrère – la volonté du gouvernement fédéral américain est bien de mettre le patient au centre du dispositif. La messagerie sécurisée répond certes à un besoin, mais suivons l’exemple du pragmatisme outre-atlantique pour que les outils à disposition du citoyen devenu patient prennent toute leur puissance.

La renaissance (?) du DMP jeudi 09 permettra peut-être d’envisager une nouvelle ère numérique pour le patient !