Google et Microsoft sur le terrain du DMP

25/09/2007

Alors que la ministre de la santé annonçait récemment un nouveau retard pour le lancement du DMP (Dossier Médical Personnel), les deux géants étasuniens s’emparent du sujet.
Un article du New York Times, commenté sur internetActu, met en lumière la volonté de Microsoft et de Google d’héberger les informations médicales des citoyens. (voir les nombreuses copies d’écran de la solution Google sur blogoscoped.com).

Un adulte sur deux utilise internet pour obtenir des informations ou des conseils sur leur santé. Le comportement des patients est en train de changer, le médecin n’est plus la seule source d’informations. Une expérience norvégienne (voir l’article sur l’atelier.fr) tente de mettre en œuvre un système d’auto-diagnostic, permettant ainsi au patient de régler son problème de façon autonome. Ainsi, le rapport personne/médecin devient plus collaboratif puisque le patient partage avec son praticien les informations qu’il a pu glaner sur la toile. Enfin, aux États-Unis comme en France, le taux d’informatisation des dossiers patient est encore faible.

Les deux géants veulent donc donner un coup d’accélérateur à la numérisation de nos données. L’argument phare est bien sûr de positionner le patient en tant que propriétaire de ses données médicales. Son dossier classique ne possède pas le don d’ubiquité puisqu’il reste attaché à un établissement. Avec ces nouveaux outils (DMP et alternatives), le citoyen pourra donner les accès aux informations de son choix à qui bon lui semble. Mais, là où le DMP est insufflé par l’état et sa volonté de mieux soigner les citoyens tout en tentant de réduire les dépenses de santé, le dossier de Google (et Microsoft) a bien évidemment une ambition mercantile. Comme pour les publicités ciblées dans GMail, il est facile d’imaginer les publicités pharmaceutiques délivrées en fonction du contenu du dossier du patient. Couplé aux nombreuses technologies apportées par Google, le patient pourra recevoir des alertes concernant un traitement ou un régime. Il pourra également se voir offrir une localisation des médecins en fonction de sa localisation. La pertinence de tous ces services sera naturellement à modérer en fonction des accords commerciaux passés entre Google et ses partenaires.

Si la vocation de Google Health « Weaver » semble plus vaste que le DMP, de part son volet services à la personne, une différence semble pourtant de taille. L’alimentation du DMP en informations complexes, sensibles et qui ne supportent pas de mauvaises interprétations, sera faite par les professionnels : professionnels de santé et Systèmes d’Informations Hospitalier. La saisie des informations du dossier personnel de Google sera orchestrée par le patient lui-même avec tous les problèmes de cohérence et de fiabilité que l’on peut supposer. L’alternative serait alors de passer des accords ou de proposer des interfaces pour que les systèmes informatiques des médecins et des établissements de santé puissent alimenter ce dossier. Voila de quoi faire réfléchir le GIP-DMP et la CNIL

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